La dernière de l'année 2023

L'année 2023 touche à sa fin et elle marque un tournant dans ma pratique de la pêche à la mouche. Depuis quelques années, j'ai ajouté à mon panel de techniques la pratique du streamer. Lorsqu'on parle de pêche à la mouche, on a tendance à penser à une pêche fine avec des imitations d'insectes volants montés à la loupe au coin du feu l'hiver précédent. J'ai pratiqué cette pêche pendant de nombreuses années, lui adjoignant au passage la pêche en nymphe pour compléter une approche des ruisseaux et des rivières à la recherche de truites, ombres et autres chevesnes. Ce sont des pêches exigeantes et qui ne peuvent pas se pratiquer en toutes conditions. La pêche en mouche sèche, n'obtient pas les mêmes résultats selon la saison, le temps et le moment de la journée. La pêche en nymphe, sèche ou noyée sont complémentaires et découlent d'une approche très similaire de la pêche à la mouche. Il s'agit d'imiter un insecte à ses différents stades d'évolution, en le faisant évoluer dans la bonne couche d'eau. Le matériel à utiliser est similaire, l'approche du lieu de pêche également. Même la philosophie de montage des mouches est similaire avec des outils adaptés selon la pratique. 

un poissonnet en chenille. Un montage en plusieurs étapes avec des temps de séchage. Tout un nouvel apprentissage

Au cours de 2023, pour devenir un pêcheur plus complet, je me suis focalisé sur les pêches au streamer. La philosophie de pêche change complètement de la pêche en artificielle. Dans ce cas, il s'agit d'imiter un poisson afin d'attirer les poissons carnassiers. 

Cette technique ouvre des perspectives bien plus vastes en s'adressant à tous les poissons carnassiers de la planète ! 

La truite étant un poisson carnassier, elle répond très bien à cette approche. Les nombreuses truites d'Islande à qui j'ai laissé un piquant souvenir en attestent. Il s'agit d'ailleurs d'un déclencheur en ce qui me concerne. Avant cette semaine de pêche mes approches au streamer étaient limitées à des tentatives, qui ne me donnaient pas les résultats escomptés. Depuis cette sortie assez spéciale, je me documente, et me fournis en matériel adapté afin d'améliorer mon approche.  

l'approche idéale pour les belles journées d'automne

Tout commence par le montage des streamers qui ne s'approche pas vraiment du montage des mouches conventionnelles. 

Les montages les plus simples peuvent être exécutés facilement mais dès qu'on cherche à monter des imitations plus grandes ou articulées, il est nécessaire de s'adapter. Je vois fleurir les sites qui proposent des streamers montés d'une grande qualité. Pour une première approche ou une utilisation occasionnelle, ils sont adaptés. N'ayant pas de goût particulier pour le montage, j'aurais pu m'en contenter également mais c'était sans compter sur mon expérience qui m'a démontré une incontestable supériorité de mes modèles maison. De plus, certains modèles sont introuvables dans le commerce alors qu'ils sont d'une efficacité redoutable. 

Lors d'un voyage en février, j'ai pu acquérir le livre de Chocklett sur les "game changer". Un livre très complet sur le montage des streamers articulés. Je ne suis pas sûr qu'il ait été traduit en Français mais c'est une lecture que je recommande ! 

Avec un peu de pratique et du matériel adapté, les perspectives ouvertes par les streamers sont incroyablement vastes. 

Un premier jet de créations et d'adaptations d'existant en mai pour la sortie au Mexique.

La complexité n'est pas tant dans le montage que dans les matériaux qui sont assez peu disponibles. De bonnes chenilles, par exemple, sont assez difficile à trouver et sont relativement coûteuses. D'une manière assez générale, les matériaux mis au point par Chocklett sont très bons et donneront d'excellents résultats mais ils sont rarement disponibles en France. 

Un voyage dans le Wisconsin en juin m'a toutefois permis de trouver dans un magasin spécialisé de Milwaukee une bonne base complémentaire pour la fabrication de ces streamers. 

Certains sites spécialisés (ardent-pêche, pêcheur.com, Taimen) proposent des options intéressantes. Toutefois, je ne suis pas adepte de l'achat des matériaux que je ne connais pas en ligne. Avoir une idée concrète du rendu de ces matériaux nécessite de pouvoir les toucher, les manipuler avant de les monter. 

Il faut aussi adapter son matériel pour ces pêches. Si les pêches aux streamers légers peuvent se pratiquer avec des cannes classiques, dès qu'on aborde les pêches avec des streamers plus imposants ou plus lourd, des cannes adaptées seront nécessaires. 

J'avais dans mon attirail, une canne en soie 8 achetée plus de 10 ans auparavant qui m'a permis de débuter dans cette approche. Bien vite, je l'ai associée à des cannes complémentaires en soie 9-10-11 pour les pêches plus fortes et une soie 6 et 7 pour les pêches intermédiaires. 

Je dois dire que je me sens plus à l'aise avec les plus grosses de ces cannes pour les lancers de gros streamers. 

D'après mon expérience, j'avais plus de facilités avec des cannes fortes en soie 10 ou 11

pour les pêches moins fortes avec des streamers plus légers, j'ai obtenus les meilleurs résultats en soie 6 à 8

La matériel est important mais la pratique est primordiale. La pêche au streamer nécessite une approche différente de celle de la pêche en sèche ou en nymphe. Dans les pêches en artificielle, le lancer et le placement de la ligne sont déterminants. Dans la pêche au streamer, bien que le lancer soit important également, il ne fait pas le principal du travail. L'animation est la clé de la réussite. 

D'une manière générale, les animations rapides sont les plus courantes. Pour ma part, je leur préfère des animations plus lentes et saccadées. J'essaye également d'adapter l'animation au poisson recherché. En exotique, les animations rapides sont habituellement très bonnes. Les poissons sont plein de vigueur et suivent volontiers des proies rapides. En eau douce, j'ai tendance à ralentir les animations afin de m'assurer que les poissons visés aient le temps de suivre et d'attaquer. 

ce brochet pris sur un streamer en poils s'est laissé séduire par une animation relativement lente.

Cette pratique agrémente mes pêches d'automne et permet de prolonger la saison. Les poissons cibles sont assez nombreux et répondent assez bien pour peu qu'on leur présente les bons streamers à la bonne hauteur d'eau et au bon moment. 

Le chemin à parcourir pour maitriser cette technique me semble plus long que pour la pêche en artificielle pour laquelle j'avais déjà une connaissance des eaux à pêcher et des poissons. Non que je prétende maitriser la pêche en artificielle mais les années passant, je me focalise d'avantage sur la pratique que sur l'apprentissage. La pratique du streamer se rapproche d'avantage des pêches au leurre pour lesquelles je n'ai qu'une expérience partielle. 

Du chevesne au Baracuda, en passant par les bonefish, les perches, les truites, les ombres et les bars, tous ces poissons se sont laissés prendre au streamer !

C'est ainsi que pour la dernière pêche de l'année avant d'aller fêter le passage à la nouvelle, je m'orientais canne en main sur un des lacs de la région pour tenter de prendre une perche ou, qui sait, un brochet. 

Je dois admettre que les pêches d'étang ne me réussissent pas et c'est une dernière bredouille qui clôture l'année. De pouvoir continuer à pêcher même durant la saison froide me parait déjà une bonne chose en soi. 

Il m'en reste tant à apprendre... et pourquoi pas éviter la bredouille pour 2024!

Une excellente nouvelle année à tous.